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Joe McPHEE/Jérôme BOURDELLON : NOVIO IOLU

Souffle contenu et discontinuité, travail sur la colonne d’air, bruits de tampons, de slaps, ce CD au premier abord baigne dans une atmosphère très éthérée. Et puis, sans même presque nous en apercevoir, nous sommes transportés loin du bruit des villes, au coeur de la forêt africaine ou dans le bush Australien.
Tout le primitif en nous refoulé remonte à la surface et nous nous sentons subitement redevenus pygmées dans les profondeurs de la jungle équatoriale communicant comme au premier temps de l’humanité.
De l’humanité Mc Phee et Bourdellon en ont à revendre et nous la font partager sans ostentation ni fioritures inutiles.
Simplement le chant brut des flûtes, d’un didjeridoo, d’une clarinette alto...... Souffle retenu et de plus en plus ténu, jusqu’à l’extinction totale, ne reste que le vent ...... Loin des worlds musiques frelatées et sans âmes, des “unplugged” variétasses, cette musique d’une sensibilité extrême nous pénètre pleinement. C’est magnifique et magique tout à la fois. Et si la vie était le souffle, tout simplement ?
Serge Perrot (in Improjazz)


Jérôme BOURDELLON : Trajet Solo


Rien n’est plus difficile que l’aventure en solo. Qui plus est sur une famille d’instruments aussi discrète que les flûtes. Jérôme Bourdellon franchit allégrement cette difficulté. En 10 morceaux, il présente tous les aspects et possibilités des flûtes, qu’elles soient basse, alto en ut et piccolo. Le morceau introductif “Papaoël”, enregistré en rerecording permet d’accrocher l’oreille de l’auditeur par son efficacité et sa rigueur de composition. (il en est de même du thème final, “Un ange passe”). Ensuite la musique se fait plus éthérée (le magnifique “Böhm Shaku”), soit plus agressive (le très contemporain “L’aube” ), soit plus expérimentale (“Parcours”), différents morceaux dans lesquels Jérôme Bourdellon utilise plusieurs des techniques de l’improvisation et de l’electroacoustique. Sur “le Sourcier” ,il ajoute de la clarinette basse aux boucles sonores et aux trilles des flûtes, avant de déboucher sur le deuxième titre-phare du disque (âpres “Dune”) une “Rencontre” qui permet de juger positivement les qualités de compositeur de J.B. La construction de ce morceau n’est pas évidente, mais petit à petit les éléments sonores s’imbriquent les uns dans les autres, semblent éclater par des subterfuges avant de poursuivre un chemin bien tracé, du moins dans la tête de l’auteur. “Rencontre” est une pièce maîtresse d’un disque de référence pour tout amateur de ces sons si particulier que répandent les flûtes.Mais pas qu’à eux, bien évidemment. Il s’adresse à tout amateur d’innatendu-inentendu, d’inoui, qui avec un peu d’attention et un minimum d’effort, sera ravi avec Trajet Solo. Et je n’ai fait qued’évoquer “Dune”....A vous de découvrir cet autre Joyau.
Philippe Renaud (in Improjazz)

Jérôme Bourdellon offre une vision du temps présent, à savoir l’action, la vie, le mouvement, le réel (du moins tel qu’il est appréhendé par le monde occidental). Utilisant le rerecording, il nous expose un monde multiple, des paysages variés qu’il sait parfaitement concrétiser pour nos oreilles. Ecoutez par exemple le souffle du vent (le shamal) dans “Dune”.
Pierre Durr (Revue et Corrigée)

Multitrack, polyphonic compositions as well as single instrument improvisation. The 10 pieces display a high level of imaginative playing, exploring a host of ethereal and ghostly sonorities on various flutes and piccolo. Méditative, elusive and dissonant. Investigate this compelling performer.
(In Rubberneck)

A.M.I.S Quartet
FOR FRANCK WRIGHT


L’ Alternative Music Improvising System, réuni, par Joe McPhee pour ce concert enregistré en mai 1992 à Vandoeuvre, est le regroupement inédit (les quatre artistes avaient déjà collaboré, mais dans d’autres formations : voir le splendide disque de McPhee/Lazro/ Parker, le duo Bourdellon/McPhee ou le trio Jaume/Boni/McPhee) de “ quatre vies musicales qui se concentrent pour célébrer la contribution, d’illustre mémoire, du saxophoniste Franck Wright à la continuité du Jazz” ( je cite ici, et plus loin, le très sensible texte du livret rédigé par Joe McPhee). La pulsation artérielle de cet organisme quadricéphale saisit et emporte, la force ascensionnelle de ce chant profond ravit et émeut ( au-delà même de la dédicace), cette musique qui se déploie en concerto spontanément arrangé parle à chacun. De souffles en éclats, de frôlements en fracas, les mouvements enchaînés de cette suite illustrent une amicale et mutuelle générosité : le “sigle A.M.I.S. n’a rien à voir avec une quelconque organisation politique internationale de contrôle utilisant le même nom”. Ce disque est tout enluminé de thermiques lyriques, envolées et contre-chants ; superbe étrave de Daunik Lazro(as.bs.) qui laisse un sillage fumant, danses et volières bariolées de Jérôme Bourdellon (fl.bcl.), calligraphie veinées d’André Jaume (ts.cl.bcl.), vitraux et buées vocales de Joe Mc Phee (ss.valvetrb.), “Pendant plus d’une heure cette performance totalement improvisée s’est déployée comme une fleur pour finalement se résoudre en un mouvement de retour vers le silence et l’obscurité desquels elle était née.” Poignant et somptueux .
Guillaume Tarche


MANHATTAN TANGO : MCPHEE/ BOURDELLON

Manhattan Tango a été enregistré à New York dans l’atelier du sculpteur Alain Kirili, un espace qui les a inspiré pour jouer sans plan ou discussion préalables, suscités par le son et l’ambiance d’une pièce emplie d’art. Ensemble ils sont devenus des sculpteurs du son, et, les morceaux sur ce CD, saisissent ces moments de sculpture réciproques dans l’air, avec les sons de flûtes de J. Bourdellon partageant la même zone sonore que la trompette de poche de J. McPhee. (Leur interaction est souvent si proche, si profondément développée, qu’a certain moment, il est impossible de dire qui joue quoi, et, en particulier on ne sait comment ils réussissent à suggérer la présence d’autres instruments. Le jeu de McPhee prolonge la tradition de la musique sans note des trompettistes Bill Dixon et Don Cherry, mais poussée vers des directions jusqu’à présent inouïes. Et, Bourdellon va bien au-delà des limites apparentes de la flûte, il semble se dédoubler et parfois même devenir triple.
John Szwed

 

 

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